Concept et performer : Karin Vyncke
Musique : sonate # 23 Beethoven
Regie technique : Yoris Van den Houte
Remerciement pour les residences à RAMDAM Ste-Foy-lès-Lyon & au Centre Garcia
Propos
Par ce travail, j’ai voulu tenter une « mise en espace » du concept de nature morte.
Une nature morte continuellement en mouvement, contrairement à celle du peintre qui est figée.
Il a tenu le pinceau, mais l’être humain est absent de sa toile,il en reste le spectateur.
Il contemple ces éléments inertes, intrigué peut-être par le suspense qui s’installe si un couteau est placé sur le bord d’une table, prêt à tomber, comme un appel au mouvement.
La nature morte m’intéresse parce qu’elle est suggestive.
Elle décrit un monde figé et bourgeois, elle représente la vie aussi bien que la mort, le monde et l’immonde.
La légèreté de l’abeille comme la lourdeur d’une viande en décomposition…
Image d’une vie en fait bien cruelle accrochée aux murs.
Dans ma performance, le mur est remplacé par un espace scénique.
Dans cet espace, une table qui tient lieu de canevas et une chaise.
J’y déambule munie de pancartes sur lesquelles sont inscrits des mots.
Je les pose, les dépose, les déplace, les retourne, les échange méticuleusement
pour faire naître des natures mortes par la puissance de l’évocation.
Le spectateur découvre au fur et à mesure ces pancartes, les lit, et par cette lecture peint dans son imaginaire
une toile que le prochain mot déposé va peut-être transformer, comme le coup de pinceau du peintre qui viendrait illuminer le coin un peu trop sombre du tableau en devenir.
Ainsi, de mot en mot, le spectateur ajoute ses propres touches de couleur sur la toile de son imaginaire, il devient le
peintre de son propre spectacle.
Il faut donc comprendre cette proposition comme un voyage dont le point de départ serait la nature morte classique,
dans laquelle les objets, les fruits et légumes, les animaux à plumes, à poils ou à écailles sont évoqué et porteurs d’une valeur symbolique. De là, le voyage se poursuit vers des tableaux de paysages qui reflètent plus le quotidien,
parfois anodin et léger et dans lesquels parfois l’accident se produit et amène la gravité.
Le champ s’élargit peu à peu, le peintre déborde du canevas, la table ne suffit plus, les mots envahissent tout l’espace.
La nature morte se met à tout recouvrir, comme un raz de marée.
Elle s’étale sur le sol, l’inonde, y laisse des traces, le transforme en chantier, en champ de bataille.
Le spectateur est maintenant devant un tableau représentant un fait divers, la photographie d’une scène de crime, un polar proche de nous.
Et au milieu de ces fait accomplis, dont les mots sont la seule trace, rôde Cerbère le chien…