Stage RAMDAM, mars 2009

Texte d’accompagnement :
Lors de toute recherche où le corps est en relation avec un objet de nombreuses questions s’ouvrent.
Quel rapport établir entre le corps et l’objet. Quel en est notre rapport ? Notre lecture ? Comment manipuler l’objet ? Comment le choisir ? …

L’objectif de ce stage est de permettre aux artistes qui portent un intérêt actif à s’interroger et pratiquer la relation du corps avec l’objet, d’approfondir des mises en jeu de situations poétiques spécifiques. Il s’agira pour eux, à travers une exploration des rapports du corps à l’objet ou de l’objet au corps, de renforcer leur propension à chercher et saisir les propriétés singulières à cette démarche ; et par-là même d’interroger leur propre pratique et discipline : les artistes pouvant provenir de la danse, mais aussi de la marionnette, du théâtre, du cirque, de la musique.

Il s’agira d’ouvrir toutes les journées par la danse, quelle que soit la discipline de prédilection des participants.
De réactiver la présence des corps et de leur possible – masse, rythme, énergie, appuis, articulation, élan, déséquilibre, appuis,… et ce par un échauffement en lien avec le thème, le corps et l’objet.
Ce cours de danse commencera avec le rapport au sol pour ensuite amorcer une circulation dans l’espace afin de chercher le mouvement depuis l’intérieur. Se concentrer sur le squelette et la respiration, observer les tensions et les éliminer, entrer ainsi dans la matière première : le mouvement. Donner par le corps inscrit dans une présence active, une mise en jeu déjà attentive, les prémices de ce qui sera recherché en atelier. Amorcer, ainsi en quelque sorte, la problématique qui s’ouvre à nous :
La danse est continuellement en évolution, elle est vivante et intrigante. Elle existe par elle-même, elle traduit émotions et situations. Pourtant, elle va souvent se charger ailleurs, cherchant des appuis.

Le théâtre, la vidéo, la musique, la littérature, l’architecture... sont fréquemment des références qui lui servent de nourriture. Couramment, on donne à la danse des contraintes pour qu’elle soit déstabilisée ou déséquilibrée, pour qu’elle devienne plus intéressante, moins « académique » ou moins prévisible.
Ici, il s’agira au cœur même des ateliers, de jouer sur un rapport singulier en mettant en valeur, à côté du corps « dansé », un partenaire « mort », c’est-à-dire l’objet.

De là, s’ouvre déjà interrogation : Est-ce un partenaire mort ?
Quand un objet est un partenaire de jeu, on peut difficilement lui attribuer un titre de non-existence.
Dès qu’un « objet » rentre dans notre espace/temps nous ne pouvons l’anéantir. Soit on le contourne soit on le renverse soit… il nous impose une relation, il nous impose par sa présence une attitude, un point de vue.

Ainsi, il s’agira, dans la plongée des ateliers, d’explorer le/les rapport(s) à l’objet, les lectures qui s’en dégagent, de traverser par la construction du rapport à l’objet, des manipulations spécifiques, des postures de choix, des expériences de danse/situation, … et de voir comment le corps peut-il ou non devenir objet.
Se posera la question de savoir si l’objet en-soi, est un obstacle ou un moyen ? Comment l’objet peut-il nous faire bouger différemment, nous faire découvrir un autre espace ? Comment les objets deviennent-ils une scénographie dans laquelle nous pouvons circuler ? Comment trouver la place de l’objet dans l’espace pour créer un équilibre ou un déséquilibre ?

D’abord, aborder l’objet . Par sa forme, par son utilité, par sa couleur, par sa matière, travaillant dès lors en conscience que l’objet est un référant au monde matériel.
Chaque objet a sa fonction, qu’elle soit utilitaire ou décorative. L’objet est concret. Quelles émotions peut-on évoquer par l’objet ? Chaque objet nous renvoie une image, laquelle est chargée d’une réalité, parfois d’un souvenir : on y fait attention ou on y reste indifférent. Pour cela, commencer avec du neutre, un carton, une planche – une simple matière, sa forme, sa couleur, etc.

Puis découvrir quelle présence, un interprète a face à l’objet, quelle est son attitude, son élégance, son discours, et à partir de là, se demander s’il a besoin de cet objet ou d’une multitude d’objets ?
Obtenir une autre conscience de l’espace par la présence de l’objet, voir comment l’objet peut nous aider à amplifier et rendre plus clair notre mouvement.

Ces questions seront traitées au cours de différents exercices :
l’objet détourné de sa fonction première,
l’objet utilisé comme support, faire exister l’objet sans le regarder,
faire bouger quelqu’un avec un objet (l’objet devenant le moteur, la cause du mouvement),
partir d’un objet et découvrir la multiplicité de son emploi, et observer un objet prendre distance.
la personne considérée comme un objet : utiliser l’autre comme objet (s’asseoir dessus, le déplacer, le soulever), la manipulation.

Une attention sera également portée au développement du regard sur le travail de l’autre, par des temps de travail en plusieurs groupes, pour observer l’autre, formuler le commentaire, être observé.

NEWS 02/24